Ces petites choses étonnantes qui peuvent déstabiliser un élève TED

Publié le par comiteted

Aujourd'hui, je lance une nouvelle série : "ces petites choses étonnantes qui peuvent déstabiliser un élève TED". Je crois important d'en parler, parce que, même nous, parents, profs, éducateurs, qui passons notre vie à traquer les facteurs de désorganisation susceptibles de nuire à nos enfants, nous pouvons en laisser passer certains. Souvent, ils nous échappent parce qu’ils sont « trop gros ». On se surprend encore à dire « Mais ça se peut pas! », alors que, oui, ça se peut très bien. Ce n'est pas parce qu'on a en face de soit un enfant super intelligent et avec un niveau de fonctionnement relativement correct, qu'il ne peut pas trébucher sur quelque chose d'évident pour un neurotypique...

 

Et il me semble que le meilleur moyen pour se sensibiliser collectivement, c’est d’échanger nos anecdotes. Bref, je me lance, je vous parle de ces petits irritants qui peuvent prendre des proportions dantesques... Et j'espère que vous saisirez la balle au bond et partagerez vous aussi vos expériences.

 

Exemple 1 : L’autre jour, Fiston a un devoir à faire dans Défi Mathématique. Le problème est le suivant : il est tombé 98 cm de neige avant Noël et 174 cm après le jour de l’an. Quelle quantité de neige est-il tombé pendant l’hiver? Ici, je précise que Fiston a une intelligence mathématique très développée et, qu'habituellement, ça va plutôt bien dans cette matière. Mais ce jour-là, je vois la crise qui monte rapidement. Il bouge dans tous les sens, se plaint, se roule à terre... Soucieuse de l'aider, je lui demande « c’est quoi, la phrase mathématique? ». Après bien des hésitations, il me répond : 98 + 40 + 174. Hein? Là, je sens le pernicieux « mais il le fait exprès ou quoi? » me monter insidieusement au cortex frontal… Il vient d’où le 40?!!!.... "Ben, c'est la neige qui est tombée entre Noël et le jour de l'an"... Mon fils fait preuve de beaucoup de rigidité dans son appréhension du temps: il faut que tout soit clair, s'enchaîne parfaitement. Et là, l'énoncé n'était pas clair, il faut bien le reconnaître. Dans sa tête, il y avait un "trou temporel" qu'il lui fallait absolument combler, quitte à inventer une quantité de neige qui ne figurait pas dans l'énoncé. J'ai donc remanié l'énoncé du problème pour le calmer. Je lui ai dit "ce que ça veut dire, c'est qu'il est tombé 98 cm jusqu’au 31 décembre à minuit et 174 cm à partir du 1er janvier à 0 heure ». La solution était simple, mais il fallait y penser…

 

Exemple 2 : Fiston a des soustractions à faire. Là encore, rien de compliqué pour lui habituellement. Mais là, blocage et anxiété à l’heure des devoirs. Je regarde donc de quoi il retourne. Première question : « pourquoi tu n’as pas noté tes emprunts au-dessus? ». Fiston répond, au bord de l’hystérie : « J’ai pas la place!! » Comme vous pouvez le voir sur l’image, chaque soustraction figure dans un petit rhinocéros et, pour mon TED préféré, puisque l’opération est dans le rhinocéros, il faudrait qu’il ait la place de noter ses emprunts aussi à l’intérieur du rhinocéros. Je ne vous cacherai pas que, ce jour-là, il a fallu négocier d’arrache-pied pour arriver à lui faire admettre qu’il pouvait noter les emprunts AU-DESSUS du rhinocéros et qu’il n’arriverait rien de grave…rhinocéros

 

Exemple 3 : Énoncé du problème du jour : « Peux-tu retrouver les chiffres manquants? » En 30 secondes, l’exercice est terminé, et pour cause : Fiston a simplement répondu "Non" et n'a pas fait l'exercice. Encore une fois, ça peut paraître étonnant, mais pour lui, ça ne va pas de soi. Il a fallu lui expliquer que les neurotypiques ont parfois cette détestable habitude, quand ils veulent dire "fais telle chose », de dire à la place « peux-tu faire telle chose? ». J’ai expliqué à Fiston qu’il rencontrerait probablement ce type de formulation régulièrement au cours de sa scolarité et qu’il devait considérer que ça voulait dire qu'il fallait faire l'exercice. Sa conclusion? « Ça aurait quand même été plus logique de dire peux-tu trouver les chiffres manquants? DANS CE CAS, FAIS-LE »…

 

J’espère que ces quelques exemples auront été parlants… J’attends les vôtres!

 

Guylène

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L
Alors l'espace inter chiffre dans le rhynocéros est trop petit également pour nos Aspi qui ont souvent des porblèmes visuo-spaciaux et tout simplement pour un précoce dyspraxique ou un dyspraxique<br /> visuo-spatial simple!Effectivement pas la place non plus pour la retenue et faire le calcul juste car trop de chose dans le même espace visuel.Il faut mettre des formats dys c'est pas compliqué du<br /> tout et ça sert à tous ,même aux neurotypiques.
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G
ehhh oui tout ça est bien vrai moi j'aurai eu des problemes avec les rinhoceros et mon fils aussi
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M
Merci beaucoup pour ce texte. On oublie souvent ce genre de choses et on peut avoir du mal à les expliquer à l'entourage.
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J
c'est tellement comme mon fils . il le vivre pour le croire
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E
Bonjour,<br /> Je viens de lire votre article, et je reconnais complètement le fonctionnement de mon fils :enfant précoce confirmé, non officiellement diagnostiqué asperger, mais il en a bcp de traits . C'est<br /> vrai que bien souvent les énoncés scolaires manquent de rigueur, de logique, de précision. Nous parlons bcp avec notre fils, et maintenant, il arrive même à en rire. Il corrige les incorrections<br /> des énoncés, même sur les manuels scolaires !<br /> je me dis souvent que les Aspies doivent faire de très bons correcteurs !
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